1° La musique qui fédère
Elle occupe tout notre espace sans que l’on s’en rende vraiment compte et accompagne notre quotidien dès le petit matin avec la radio, en voiture, dans les centres commerciaux et aussi sur nos smartphones.
Lors du premier confinement, sur les réseaux sociaux notamment, des artistes nous ont ouvert leur univers et fait partager leurs connaissances et pratiques musicales. Nous avons pu ainsi faire partie d’un groupe privilégié et ressentir le bien être que peut nous procurer notre appartenance à une communauté. Grâce à la musique, un nouveau lien a pu naître entre des personnes ayant des goûts similaires mais ne se connaissant pas au départ. L’artiste s’est également rapproché de ses admirateurs, a levé ainsi des barrières, ce qui l’a rendu accessible; il a perdu son image d’icône, de vedette mais a gagné en humanité.
Dans un registre différent, lors de rencontres sportives, nous mesurons la ferveur ressentie par les joueurs et leurs supporters lorsque l’hymne national retentit.
Chacun éprouve une envie impérieuse de donner sa voix et son cœur à cet instant précis.
La musique et le chant partagés abolissent les frontières et créent un véritable trait d’union vers l’autre.
Il en va de même lors de toute cérémonie, d’une commémoration, d’un anniversaire, d’un mariage… Dès que la musique distille ses premières notes (gaies ou tristes), nous baignons dans un sentiment de communion bénéfique. Quelque chose nous rassemble et rien n’a plus d’importance que ce moment vécu ensemble, même si un écran et des kilomètres nous séparent.
Des études ont démontré que les activités musicales ont également la capacité de développer cette qualité qui permet de comprendre les émotions des autres: l’empathie. Grâce à ce sentiment, une complicité entre plusieurs personnes peut voir le jour, les échanges verbaux (ou non) en sont grandement facilités. Un lien invisible et fort se tisse.
« Les Saturnales de la Musique » proposées parle musicien américain Joël Cohen le 21 juin1976 vont donner lieu 6 ans après, à la « Fête de la Musique « qui permet aux amateurs comme aux professionnels, de s’adonner à cet art en toute liberté. Tous les styles de musique s’y côtoient dans de nombreux lieux.
Le succès populaire a été tel que cette manifestation s’est étendue au-delà de l’Europeet que 120 pays l’ont instaurée.
Il n’existe pas de fête sans musique.
Tout être humain a besoin de se sentir reconnu en tant que membre d’un groupe, de partager et la musique a ce pouvoir universel.
2° La musique qui émeut
Depuis quelques années, nos pauses musicales se sont étendues durant notre journée et grâce aux avancées technologiques, il est commun de croiser de nombreuses personnes équipées de casque audio, d’oreillettes Bluetooth ou même de petites enceintes mobiles.
On retrouve dans toutes les cultures ce besoin d’écouter ou de produire de la musique que l’on soit musicien professionnel ou non. Si celle-ci n’est certes pas vitale, elle occupe une place centrale dans nos vies en unissant dans une même émotion plusieurs personnes.
Richard Wagner, célèbre compositeur allemand né en 1813 avait déjà perçu l’influence de la musique sur notre ressenti en arguant que « La musique commence là où s’arrête le pouvoir des mots ».
Elle apaise après une journée de travail, donne des frissons, régule notre humeur, calme les pleurs du bébé, donne envie de sauter ou de danser, encourage les exploits sportifs, elle nous transporte et traduit nos états émotionnels. En résumé, la musique touche profondément notre sensibilité.
Nous avons tous expérimenté son importance dans un film: elle anticipe, souligne, traduit les différentes émotions ressenties par les acteurs ou crée une atmosphère particulière.
Selon le Docteur Pierre Le marquis, neurologue et auteur de plusieurs livres dont « Sérénade pour un cerveau musicien », ainsi que « Les pouvoirs de la musique sur le cerveau des enfants et des adultes », peu d’entre nous restent insensibles à la musique qui exerce un réel pouvoir sur notre cerveau ainsi que l’ont montré plusieurs études d’imagerie cérébrale. Il existe d’importants réseaux neuronaux qui lui sont attribués.
En observant une IRM fonctionnelle du cerveau de musiciens bouleversés écoutant un concerto du compositeur russe Sergueï Rachmaninov né en 1873, on a pu constater, entre autres, une augmentation du débit sanguin cérébral au niveau de la zone de la récompense ou du plaisir. En effet, des neurones connectés à ce circuit, produisent de la dopamine (qui donne la joie de vivre et l’envie de bouger), de la sérotonine(antidépressive), des endorphines (qui diminuent la douleur) et enfin de l’ocytocine(nécessaire à l’attachement).
Il est important de souligner que beaucoup de musiciens professionnels s’appuient sur leurs émotions pour créer, ce qui rend leurs productions touchantes et sincères.
La voix, le chant peuvent provoquer également des émotions fortes.
D’après le récit rapporté par Pierre Lemarquis, le célèbre castrat Farinelli né en 1705possédait une voix aux vertus aphrodisiaques et antidépressives!
Ainsi, la musique engendre des émotions qui elles-mêmes peuvent faire naître à leur tour des œuvres musicales.
3° La musique qui soigne
La musicothérapie se sert des propriétés émotionnelles de la musique à des fins thérapeutiques.
Elle permet notamment de réveiller la mémoire en liant les émotions aux événements associés.
Cette technique permet aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, qui ont perdu leur capacité à parler, de chantonner un air connu, de se souvenir de certaines paroles et de pouvoir apprendre de nouveaux chants.
Il paraît même que les musiciens semblent protégés contre cette maladie! En jouant d’un instrument, nous renforçons notre mémoire et nos réserves cognitives indispensables pour lutter contre les effets du vieillissement naturel de notre corps.
Marcher au rythme de la musique ou jouer d’un instrument, améliore également la coordination motrice après un Accident Vasculaire Cérébral ou chez des malades atteints de la maladie de Parkinson.
Le fait d’apprendre en chantant (poésie, tables de multiplication…) permet à l’enfant, l’adulte ou la personne âgée d’intégrer plus facilement de nouvelles connaissances.
Cette piste s’avère particulièrement intéressante en pédagogie pour permettre à des enfants présentant des troubles spécifiques d’apprentissage (troubles « dys ») de progresser avec plus d’aisance.
Selon Monsieur Lemarquis, la plasticité de notre cerveau favorise une évolution positive grâce aux interactions extérieures, ce qui accroît les capacités d’apprentissage dans d’autres domaines.
Par des techniques de relaxation, la musique atténue aussi l’angoisse, la nervosité, les insomnies, le stress… et peut même servir d’antalgique en diminuant de fortes douleurs par la détente.
On s’est aperçu qu’elle pouvait réduire l’activation des zones cérébrales impliquées dans les émotions négatives.
Les pratiques musicales sont entrées en milieu hospitalier afin d’adoucir la vie des patients durant leur maladie.
Philippe Bouteloup auteur de plusieurs livres sur le sujet, a fondé l’association « Musique et Santé » qui intervient auprès d’enfants et d’adolescents.
Certains jeunes musiciens se forment à la médiation musicale et opèrent auprès d’un public qui n’ a pas forcément accès à cet art.
4° La
musique permet de peindre « La vie enrose »!
Ce beau programme chanté par Edith Piaf et Kelly auquel nous adhérons toutes et tous, reste à notre portée et facile à suivre: il suffit d’écouter le plus souvent possible un air, de fredonner une chanson, de se mettre à l’apprentissage d’un instrument, de participer à une chorale…
Il n’y a aucune contre-indication, c’est à la portée de tout le monde car tous les genres et les styles de musique sont accessibles en un clic. Vous pouvez en abuser, les bénéfices n’en seront que meilleurs!
Lady Gaga met en avant le bonheur ou le réconfort que peut apporter un ou une artiste au commun des mortels:
Tellement de gens m’ont arrêtée dans la rue, partout où je vais, pour me dire: « Mon Dieu, cet album m’a tellement aidé. Cette chanson a changé ma vie. J’écoute celle-ci en boucle quand je ne vais pas bien. « Quand j’entends ce genre de choses, je sais que ma musique a atterri exactement là où je voulais, en plein coeur. »
Il est courant d’entendre que la musique adoucit les mœurs. Une étude a démontré que le fait d’écouter de la musique en voiture a un effet positif sur l’humeur du conducteur.
Eminem va plus loin dans ce constat :
« Parfois je sens que la musique rap est presque la clé pour arrêter le racisme.
A la fin des années 1980, le rap est apparu dans les ghettos des Etats-Unis et en France dans les quartiers défavorisés pour dénoncer les injustices, la violence de la rue, le racisme, la guerre des gangs, les abus de la drogue et de l’alcool, comme un cri de douleur lancé au monde entier pour le rendre meilleur.
Beaucoup de marcheurs ou de coureurs solitaires se motivent à faire du sport en portant
des oreillettes ou un casque. Ils évitent ainsi de penser trop à l’effort fourni et leurs performances sont améliorées. La libération de la dopamine dans le corps due non seulement à la pratique sportive mais aussi à l’écoute musicale, leur procure un sentiment de joie et source de plaisir.
Nous ne pouvons que donner raison au philosophe Friedrich Nietzsche qui était persuadé que
« Sans la musique, la vie serait une erreur… »